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Uncle John
Mon oncle John est mort le matin du dimanche 5 janvier 2020, dans le lit de sa chambre en Angleterre.
C'était un homme très touchant dont la folie m'a toujours fascinée. Dans sa légèreté comme dans sa lourdeur. Lourdeur qui s'intensifiait au rythme de ses addictions.
Au cours de la semaine suivante, je m'y suis rendue pour assister à l'enterrement. C'était une après midi très intense ponctuée de pleurs, de whisky et de boue. Et, malgré la peur et le manque de confiance en moi, j'ai écrit une lettre en son hommage.
C'est ainsi que j'ai eu la chance, par le biais de cet écrit, de profiter d'un moment d'introspection. Tout comme me l'ont permis les paysages de mon voyage qui défilaient avec le temps. J'avais l'impression qu'ils me racontaient la vanité de notre monde. Ce qui a suscité l'envie de photographier ce moment qui m'a tant touché. Revenir à ce que la photographie a toujours offert, l'immortalisation d'un temps, d'un lieu, d'une personne.
Et comme je l'évoque dans la lettre, ce sont les images de cette maison qui me bouleversent encore. Leur dualité. Ce lieu ôté de sa présence pourtant fantomatique. Un vide qui murmurait sa mort au travers de chaque détail qui le réincarnait. Sa présence encore si forte dans l'atmosphère. Cette sensation qu'il était encore là. Quelque part dans ses draps, ses escaliers et même dans le regard porté par la fenêtre, comme s'il la vie s'était arrêtée, un temps, elle aussi.
Dear John,
Writting those two first words gave me the impression I was about to scribble one of those casual postcards I used to send to you. Speaking about the weather and making up silly things instead of saying how much I missed you. It won't be the same today and I guess that's quite scary.
But entering your house last night gave me the most precious feelings. That perticular smell that reminds me of my childhood, those typicall english carpeted floors and the litlle ceramic fish you have to pull to get the light on in the bathroom. But most of all, seeing everyone, all those people that look like you and carry your energy. Giving me the time to see, in a blurry memory, your image.
I am so happy to see you live and so sad to see you leave.
Sending you love, always,
Sarah xxx
Cher John,
En écrivant ces deux premiers mots, j'ai eu l'impression de commencer une de ces cartes postales que j'avais pris l'habitude de t'envoyer. Pour parler du temps ou de faits dérisoires au lieu de te dire combien tu me manquais. Seulement ce ne sera pas le cas aujourd'hui et j'imagine que c'est un peu effrayant.
Mais lorsque je suis entrée dans ta maison hier soir, je n'ai éprouvé que des sensations très précieuses. Son odeur si particulière qui me rappelle mon enfance, ses moquettes typiquement anglaises et le petit poisson en céramique qu'il faut tirer pour que la lumière s'allume dans la salle de bain. Mais plus que tout, le fait de revoir toutes ces personnes; toutes ces figures qui te ressemblent tant et qui portent ton énergie. Me donnant le temps de voir, dans un souvenir embué, ton image.
Je suis si heureuse de te voir vivre et si triste de te voir partir.
Je t'envoie beaucoup d'amour, toujours,
Sarah.